PLF 2026 : Le gouvernement attaque le pouvoir d’achat des apprentis
Créé le 15 octobre 2025
Mis à jour le 17 octobre 2025
Association des Apprentis de France
L’ANAF)alerte sur les conséquences sociales et économiques des mesures contenues dans les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.
Ces mesures entraîneraient une baisse de rémunération de 101 à 187€ nets par mois pour l’ensemble des apprentis, selon leur âge et leur année de formation.
Elles réduiraient également le nombre de jeunes éligibles à la prime d'activité.
Représentation
Sommaire
Autant de mesures qui risquent d’aggraver la précarité des jeunes en formation et de freiner la dynamique de l’apprentissage en France. Face à ces menaces pour le pouvoir d’achat et l’avenir des apprentis, l’ANAF appelle l’ensemble des jeunes, des apprentis, des citoyens et des acteurs de l’apprentissage à soutenir sa pétition demandant l’abandon de ces projets de réforme et la préservation d’un modèle d’apprentissage garantissant l’insertion professionnelle des jeunes.
Trois attaques directes contre le pouvoir d’achat des apprentis
Depuis le décret du 28 mars 2025, les apprentis ont déjà vu leur rémunération nette chuter jusqu’à 187€, selon leur âge et leur niveau d’étude. Cette mesure avait réduit l’exonération de CSG/CRDS sur les salaires d’apprentis de 79% à 50%, rompant un premier équilibre économique fragile.
Moins d’un an plus tard, les PLF et PLFSS pour 2026 menacent d’aller encore plus loin, en mettant en péril la situation économique des apprentis dans un contexte de ralentissement économique.
- Suppression de l’exonération des cotisations sociales pour les apprentis du secteur privé (PLFSS 2026).
Le gouvernement annonce la fin complète du dispositif d’exonération de cotisations sociales pour les apprentis. À partir du 1er janvier 2026, tout nouveau contrat d’apprentissage sera soumis aux cotisations sociales de droit commun, comme les autres salariés.
Selon nos calculs, tous les apprentis seront impactés par une baisse de rémunération de 101 à 187€ nets par mois. Par exemple, un apprenti de 16 ans en première année de CAP, avec une rémunération de 27% du SMIC, verrait passer son salaire de 486,49€ à 385,10€ (soit une baisse de près de 21%), et dans le même temps une apprentie de 22 ans dont la rémunération est de 53% du SMIC passera de 954,95€ à 755,94€, soit une baisse de 187€)
Fin de la prise en charge par l’État des cotisations salariales pour les apprentis du secteur public (PLF 2026).
Depuis 1992, l’État prenait en charge les cotisations salariales des apprentis employés dans le secteur public non industriel et commercial. Avec cette proposition, les apprentis de la fonction publique paieront désormais eux-mêmes une part de cotisations salariales.
- Ces diminutions de salaires net feraient chuter le nombre de jeunes éligibles à la prime d’activité, privant certains d’un complément pouvant atteindre 290€ par mois. Cet effet domino aurait pour conséquence une baisse des revenus d’une partie des apprentis et pourrait les priver de leur autonomie financière, que doit normalement assurer l’apprentissage.
- Suppression de l’aide au permis de conduire (PLF 2026).Créée en 2019 et financée par l’État, l’aide au permis de conduire de 500€ pour les apprentis de 18 ans et plus serait supprimée à partir de 2026. Le gouvernement justifie cette suppression par une volonté “d’égalité de traitement” entre les apprentis et les étudiants, ces derniers ne bénéficiant pas d’une aide équivalente. Or, cette logique d’égalité nie une réalité concrète : les apprentis doivent se rendre chaque semaine sur leur lieu de travail, souvent éloignés de leur centre de formation, et sont donc potentiellement beaucoup plus dépendants d’un moyen de transport individuel.
Cette aide joue un rôle déterminant dans l'accessibilité à l'apprentissage, notamment pour les jeunes vivant en zones rurales et périurbaines, où les transports en commun sont insuffisants voire inexistants.
Les recommandations de l’ANAF
Face à ces mesures, l’Association des Apprentis de France appelle le gouvernement et les parlementaires à :
- Abandonner les suppressions d’exonérations sociales tant qu’une évaluation complète de leurs effets sur les parcours d’apprentis n’a pas été menée ;
- Maintenir un régime social adapté aux spécificités de l’apprentissage, garantissant un niveau de rémunération décent pour les jeunes en formation ;
- Supprimer le seuil spécifique de revenu minimum pour les apprentis et l’application des mêmes conditions que celles prévues pour les autres salariés à la Prime d’activité ;
- Transformer l’aide au permis en aide à la mobilité, permettant notamment l’achat d’un deux roues, le passage du BSR, le financement d’abonnements de transports ou une indemnité pour les frais d’essence ;
- Ouvrir sans délai une concertation nationale avec l’ensemble des parties prenantes de l’apprentissage : représentants des apprentis, des branches professionnelles, des entreprises, des OPCO, des CFA, sur l’avenir du financement de l’apprentissage.
L’ANAF appelle l’ensemble des apprentis, des jeunes, des citoyens et des acteurs de l’apprentissage à soutenir sa pétition demandant l’abandon de ces projets de réforme et la préservation d’un modèle d’apprentissage oeuvrant pour l’insertion professionnelle des jeunes·s.
L’association appelle également les parlementaires à rejeter ces mesures, à défendre le pouvoir d’achat des apprentis et à réaffirmer le rôle stratégique de l’apprentissage dans la réussite des jeunesses.
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